Dream

Travailler, encore travailler...

Lorsque je lis les interviews des auteurs que j’admire, je suis toujours très intéressée par l’évocation de leurs relations avec leur éditeur. Avec ses codes et ses règles, l’édition est un monde à part, qui m’est totalement étranger. Grâce aux Editions de la Martinière, je commence à découvrir ces hommes et ces femmes qui œuvrent dans l’ombre pour assurer le succès d’un livre.

J’avais toujours secrètement rêvé d’avoir un éditeur qui croirait en moi, qui me dirait les choses franchement (et pas nécessairement ce que j’ai envie d’entendre). Quelqu’un qui saurait me rassurer quand j’ai des doutes et me faire progresser dans ma manière d’écrire. En signant avec les Editions de la Martinière, je n’ai pas rencontré un tel éditeur. C’est encore mieux : j’ai carrément DEUX éditrices ! Quand j’ai rencontré Marie Leroy et Jeanne Pois-Fournier, j’ai immédiatement su que j’avais une chance immense de travailler avec elles.

Contrairement à ce que j’imaginais, une fois qu’un manuscrit a été accepté, l’auteur a encore du pain sur la planche. C’est peu dire. J’ai découvert la longue et fastidieuse phase de relecture et de corrections. Les délais étant très courts pour publier mon roman début avril 2019, j’ai dû mettre les bouchées doubles, voire triples. Pendant plusieurs semaines, je ne suis quasiment pas sortie de chez moi (déjà qu’avec un bébé, ce n’était pas folichon, mais là vraiment, c’était l’encéphalogramme plat de la vie sociale) : je passais mes soirées et mes week-ends devant mon ordinateur, à retravailler chaque mot, repenser chaque scène, réécrire ce qui ne convenait pas, transformer les personnages, intégrer de nouveaux dialogues et supprimer les épouvantables tics d’écritures qui me sautent à présent aux yeux… Un vrai travail de fourmi.

Avec Jeanne, nous avons établi un « planning éditorial » avec des dates de remises très serrées. J’avoue que le premier planning était même intenable pour moi : comme beaucoup d’auteurs, j’ai une activité professionnelle parallèlement à mes activités d’écriture, et depuis le mois de novembre, j’ai vraiment l’impression d’avoir plusieurs journées en une ! Nous avons donc dû nous adapter et « hacher » le manuscrit. Jeanne relisait une partie pendant que je retravaillais la suivante, et nous avons avancé ainsi, pas à pas, au rythme des « modifications apparentes » et des échanges de mails. Nos petites blagues et commentaires rigolos, glissés ici ou là dans le manuscrit vont me manquer maintenant que tout cela est fini !

C’est ce travail en commun, main dans la main, que j’ai à la fois adoré et détesté. Adoré parce que voir l’histoire évoluer et les personnages prendre de la profondeur – grâce aux précieux conseils de Jeanne – est passionnant. Mais détesté parce que je n’en pouvais plus de retravailler ce texte, inlassablement alors que j’aurais pu profiter de ma famille et de mes amis (ou me reposer, tout simplement). Au bout de quelques semaines, j’ai commencé à montrer des signes de fatigue (forcément, à force de tirer sur la corde…) Certains soirs, je n’écrivais rien de bon : je restais devant mon ordinateur à me dire que j’étais nulle et que je n’y arriverais jamais, avant de jeter l’éponge et d’aller me coucher. D’autres fois, l’écriture me semblait fluide et les idées venaient naturellement.

Il n’y a pas de manuscrit parfait, on pourrait passer une vie entière à améliorer son texte. Mais vient un moment où il faut dire « stop, c’est bon, on n’y touche plus ». C’est un peu effrayant, mais excitant à la fois. Vendredi dernier, quand Jeanne m’a dit « c’est bon, on envoie en maquette », j’ai senti comme un grand vide. Ce manuscrit, que presque personne n’avait lu, allait enfin voir le jour…