Critiques

Gérer les critiques (bonnes ou mauvaises) sur son livre

Publier un livre, c’est une grande aventure. Evidemment, tu as envie que le monde entier l’achète, le lise, le trouve formidable. Que les journalistes s’emballent unanimement : « un roman splendide », « un auteur de génie », « une plume magnifique », « un page turner ». Mais dans la vraie vie, ça ne se passe pas comme ça. Quel que soit ton talent, tu vas nécessairement être exposé à ce que nous redoutons tous : les critiques.

Précisons-le tout de suite : les critiques peuvent être aussi bien positives que négatives. Dès lors qu’une personne te donne un avis sur ton livre, c’est une critique. Et contrairement à ce qu’on pourrait croire, recevoir de bonnes critiques n’est pas toujours facile (de mauvaises non plus, vous vous en doutez !)

 

Lorsque vous avez passé de longues heures à travailler votre roman, à le peaufiner dans les moindres détails, à peser chaque mot, forcément, vous aimeriez que tout le monde admire votre travail et salue votre don d’écriture. C’est comme quand tu viens d’avoir un bébé : pour toi, c’est la plus grande merveille du monde et si quelqu’un a le culot de ne pas le trouver beau, tu as envie de le tuer. Idem pour ton livre. Et pourtant, ce sont ces critiques justement qui vont te permettre d’avancer, de progresser.

 

Les premières critiques que j’ai reçues sont celles de mes éditrices : après m’avoir fait plein de compliments et m’avoir proposé de publier mon roman, elles m’ont accompagnée dans la période de corrections. « Il n’y a vraiment pas grand-chose, tu verras. C’est une étape habituelle ». J’avoue qu’en recevant les premiers commentaires, j’ai pris une grande claque. Passé le « premier effet kiss cool » (= je suis nulle, j’écris mal et de toutes façons personne ne lira mon livre), j’ai pris une grande respiration et j’ai relu toutes les remarques à tête reposée. Finalement, tout était vrai : les passages trop lourds, les répétitions, les descriptions longues et inutiles. Page après page, j’ai retravaillé mon texte en prenant en compte leurs remarques. C’est ce que j’attendais d’un éditeur : avoir un retour objectif, d’une personne avec laquelle il n’y a pas d’affect, afin de pouvoir m’améliorer.

 

Une fois le livre publié, j’ai attendu fébrilement les premiers retours de lecteurs. Là aussi, c’est une étape incontournable mais difficile : comment mon livre allait-il être reçu ? Allaient-ils l’aimer ou bien le descendre en flèche ??? En découvrant les premiers articles sur Instagram, quelle émotion de voir cette pluie de compliments… J’ai ensuite lu les commentaires sur le site de la Fnac. Et là, mauvaise surprise : parmi toutes les bonnes critiques, il y en avait une mauvaise. Une seule, et pourtant, elle a suffi à assombrir ma journée. Je n’ai pas pu m’empêcher de me demander si cette personne avait raison. Et si finalement je n’étais pas faite pour écrire ? Il aura suffi d’une seule critique négative pour effacer toutes les critiques positives que j’avais reçues jusque-là. En rentrant chez moi, dans le RER bondé, je n’en menais pas large. J’ai alors relu un email que m’avais envoyé l’une de mes toutes premières lectrices, qui travaille dans les fonctions support de ma maison d’édition. Un mail touchant, qui m’avait émue aux larmes. Et je me suis dit qu’un seul commentaire négatif ne pouvait pas effacer toutes les incroyables messages que je recevais par ailleurs. Car un livre, c’est très subjectif : ce qui me plait ne plaira pas à mon voisin. Par exemple, tout le monde s’accorde à dire que Balzac est un immense écrivain, n’est-ce pas ? Et bien je l’avoue, moi, je n’aime pas son style ; les longues, très longues, trop longues descriptions, ce n’est pas ma tasse de thé. Moi, je préfère les phrases courtes avec un rythme plus marqué, plus dynamique. Je le redis : c’est subjectif.

 

Donc, comme gérer les critiques ? C’est simple : il faut faire le tri.

  • Les critiques positives : c’est très agréable, certes, mais elles ne font pas de vous un meilleur écrivain. Lisez-les avec bonheur, recevez-les comme des petits cadeaux de la vie et réjouissiez-vous surtout d’avoir apporté un moment de joie à vos lecteurs (car peut-être que votre prochain livre ne sera pas aussi bien accueilli).
  • Les critiques négatives : même s’il est difficile de les appréhender, je vous conseille de les lire avec d’autant plus d’attention qu’elles sont constructives. Certaines qui reviennent le plus souvent vous donneront des indications précieuses ce que vous pourrez améliorer dans votre prochain livre (des personnages pas assez creusés, un style trop compliqué, un vocabulaire un peu pauvre, des phrases trop longues…)
  • Les critiques méchantes : certains commentaires sont purement gratuits et ne doivent pas être pris en compte. Si l’on attaque votre physique, votre mode de vie ou si vous avez droit à un « c’est de la merde » sans plus d’explication, pas la peine de perdre votre temps. Pas besoin de se miner le moral pour quelque chose dont vous ne retirerez rien…

Une dernière petite chose : lorsque cela est possible, prenez le temps de répondre aux critiques, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Pas besoin d’en mettre des tartines, mais lorsqu’un inconnu a pris le temps de vous laisser un commentaire sur votre livre, surtout s’il est constructif, la moindre des choses c’est de le remercier !