Ecriture et confinement
- Le 16/04/2020
- Dans Vie d'autrice
"Wow, tu dois être ravie : avec le confinement, tu vas avoir plein de temps pour écrire un nouveau livre !" Voici la réaction de plusieurs de mes proches lorsque nous avons appris qu'il nous faudrait rester enfermés chez nous pendant plusieurs semaines... Et contrairement à ce qu'on pourrait croire, cet enfermement forcé ne m'a pas permis d'écrire. Bien au contraire...
A l'heure où j'écris ces mots, je vis confinée avec mon mari et mon fils (deux ans trois quarts et une tonne d'énergie non-dépensée) depuis maintenant 32 jours. Un temps très long que j'aurais adoré mettre à profit pour me plonger dans une nouvelle histoire, mais ça ne veut pas venir. Et quand ça veut pas, ça veut pas...
Pour bien comprendre, il faut savoir que je viens de terminer la rédaction de mon prochain roman. Après quelques semaines de recherches l'été dernier, j'ai commencé à écrire le 1er septembre avec un objectif ambitieux : remettre mon manuscrit définitif à mes éditrices le 1er mars 2020. Soit un délai de 6 mois pour écrire un livre. Croyez-moi, cela n'a pas été facile : je n'ai pas l'habitude d'écrire avec une telle contrainte de temps (surtout qu'en parallèle, j'ai quand même un boulot à plein temps et une famille à gérer...) et, pour le dire franchement, "j'en ai chié". Pendant 6 mois, j'ai refusé toutes les invitations à dîner, les soirées, les sorties au théâtre, les week-ends, les anniversaires, les pots avec mes amis... Toujours la même excuse ("je dois écrire"), toujours la même promesse ("allez, c'est juré, après le 1er mars on aura plein de temps pour se voir"). Je ne pensais qu'à ce livre, aux personnages, à ce qu'ils allaient vivre. Le moindre moment de liberté était réservé à mon roman. J'ai réussi à finir en temps et en heure, un vrai miracle (et d'ailleurs, si vous voulez quelques conseils pour écrire un roman en six mois, c'est par là que ça se passe), mais cela a été au détriment de ma vie sociale. Alors quand j'ai appris, à peine quelques jours après le 1er mars, que j'allais devoir attendre pour revoir mes amis, ça m'a filé un sacré choc. Et puis d'un autre côté, je m'étais habituée : j'avais réussi à tenir le coup pendant 6 mois, alors je n'étais plus à quelques semaines près.
Je me suis dit que j'allais pouvoir me plonger dans mon nouveau projet, celui qui me trottait dans la tête depuis quelques mois et qui attendait tranquillement de voir le jour dès que le roman aurait été achevé. Mais les choses ne se sont pas passées comme je l'imaginais Pas le temps de me poser devant mon ordinateur : les premières semaines de confinement ont filé si vite que je les à peine vu passer. Entre le boulot et mon petit garçon, je n'arrivais pas à souffler, aussi bien la semaine que le week-end. Et quand enfin nous avons trouvé notre rythme et que j'ai pu enfin avoir un peu de temps pour moi, je me suis installée devant mon Mac mais, pour la première fois de toute ma vie, j'ai découvert le phénomène de la page blanche. Franchement pas facile à gérer...
J'écris depuis que je suis toute petite, tout et n'importe quoi. Jamais, je dis bien JAMAIS, je n'ai été en panne d'inspiration. Parfois, bien sûr, je bloquais sur un chapitre, un paragraphe, une idée. Mais il me suffisait de prendre un peu de recul, de penser à autre chose, d'aller faire un tour de roller et hop, tout se débloquait. Cette fois-ci, c'est différent : je n'ai pas ENVIE. Tout me semble nul, fade, inintéressant. Depuis que nous sommes confinés, c'est comme si je n'arrivais plus à imaginer des histoires, comme si mon imagination aussi était enfermée.
Finalement, j'ai décidé de ne pas m'acharner pour ne pas être définitivement dégoutée. Un jour nous sortirons à nouveau, un jour nous reprendrons (du moins je l'espère... soyons optimistes) une vie normale, un jour je retrouverai l'envie d'écrire...