Un cri du ventre

Un cri du ventre (Enora Malagré)

Comme beaucoup de monde, je « connais » Enora Malagré par la télévision. Il y a quelques années, je regardais régulièrement TPMP et je reconnais avoir eu de gros fous rires devant cette émission. La jeune femme au caractère bien trempé avait attiré mon attention : je devinais derrière ce masque de grande gueule une femme beaucoup plus intelligente et sensible que ce que le filtre de la télévision nous montrait. C’est pourquoi, lorsqu’elle a publié son livre, j’ai eu envie de le lire.

Le pitch de l’éditeur

« En février 2017, au cours d'un prime de Touche pas à mon poste ! Un internaute m'a posé une question très personnelle, intime, à laquelle j'ai décidé de répondre. Dire la vérité était une évidence, et j'en étais là de l'existence : arrêter de me cacher, de m'anesthésier, de fuir. Assumer mon désir plus fort que tout d'avoir un enfant et me dresser pour vivre avec mes bleus, mes bosses, mes peurs. Mon cri venait du ventre. En parlant de mon endométriose, la maladie avec laquelle je cohabite depuis dix ans, j'ai rompu la loi du silence. » À l'aube de la quarantaine, Enora Malagré jette un regard franc sur son parcours et lance un cri d'espoir pour toutes les femmes, les mères et celles qui ne le sont pas.

 

Alors, verdict ?

Ce n’est un secret pour personne : Enora Malagré souffre d’endométriose. Comme des millions de femmes dans le monde. Malheureusement, comme beaucoup de maladies exclusivement féminines, l’endométriose est longtemps restée inconnue, voire tabou. Ce n’est que depuis quelques années (voire quelques mois…), grâce à des personnalités publiques qui osent enfin raconter leur calvaire, que la lumière commence à se faire sur cette terrible maladie.

Pour ma part, j’ai découvert l’endométriose avec deux de mes amies qui en sont atteintes : les écouter me raconter les terribles épreuves qu’elles traversaient depuis des années m’avait profondément touchée. C’est pourquoi j’ai acheté le livre d’Enora Malagré.

Mon avis sur ce livre est très partagé. « Un cri du ventre » est vraiment un livre à deux facettes : l’une axée autour de la maladie, l’autre autour de la vie d’Enora Malagré.

La partie qui traite de la maladie est terrible. Les mots de l’autrice sont très forts et ils montrent bien la souffrance atroce qu’elle supporte depuis si longtemps avec tant de courage. Certaines scènes peuvent paraître violentes, choquantes (notamment une fausse couche dans la salle de bain) mais sont nécessaires pour comprendre la réalité de ce mal. Lorsqu’on parle de maladie, on utilise toujours des mots atténués : Enora Malagré dit les choses franchement, sans rien cacher. Et c’est finalement ce que j’avais envie de lire sur l’endométriose : la vérité dans toute son horreur.

L’autre aspect de ce livre suit le parcours professionnel de la jeune femme. Forcément, elle y évoque les coulisses de Nova et de TPMP, et ce qu’elle décrit nous montre ce que nous ne voyons pas. Ce n’est pas la partie que j’ai préférée (j’ai sans doute vieilli : je ne regarde quasiment plus la télévision et les coulisses des émissions me laissent totalement de marbre…) mais j’ai trouvé intéressant de voir comment l’auteure a dû composer avec sa maladie dans cet univers professionnel qui ne tourne qu’autour de l’apparence.

Surtout, j’ai découvert une femme intelligente, cultivée, loin de l’image de bimbo que pouvait parfois renvoyer son personnage télévisuel. Une femme qui connait les grands classiques du théâtre, férue de jazz et d’art contemporain. Je ne peux pas dire que son livre entrera dans les annales de la littérature mais s’il peut participer à ouvrir le débat sur cette terrible maladie et faire prendre conscience qu’il n’est pas normal en 2019, que les femmes doivent encore supporter ce mal sans que personne n’y trouve à redire (car non, avoir mal au ventre pendant les règles, ce n’est pas normal !), alors le pari sera réussi !