Sorcières (Mona Chollet)
- Le 18/12/2019
- Dans Mes lectures
Un soir, ma sœur m’a appelée, bouleversée, pour me parler d’un « livre génial, complètement dingue » qu’il fallait absolument que je lise. « Tu verras, ça parle des femmes, c’est passionnant. Super énervant mais tellement intéressant ! » : il n’en fallait pas plus pour me convaincre : j’ai donc immédiatement commandé « Sorcière » de Mona Chollet.
Le pitch de l’éditeur :
Qu’elles vendent des grimoires sur Etsy, postent des photos de leur autel orné de cristaux sur Instagram ou se rassemblent pour jeter des sorts à Donald Trump, les sorcières sont partout. Davantage encore que leurs aînées des années 1970, les féministes actuelles semblent hantées par cette figure. La sorcière est à la fois la victime absolue, celle pour qui on réclame justice, et la rebelle obstinée, insaisissable. Mais qui étaient au juste celles qui, dans l’Europe de la Renaissance, ont été accusées de sorcellerie ? Quels types de femme ces siècles de terreur ont-ils censurés, éliminés, réprimés ?
Ce livre en explore trois et examine ce qu’il en reste aujourd’hui, dans nos préjugés et nos représentations : la femme indépendante — puisque les veuves et les célibataires furent particulièrement visées ; la femme sans enfant — puisque l’époque des chasses a marqué la fin de la tolérance pour celles qui prétendaient contrôler leur fécondité ; et la femme âgée – devenue, et restée depuis, un objet d’horreur.
Enfin, il sera aussi question de la vision du monde que la traque des sorcières a servi à promouvoir, du rapport guerrier qui s’est développé alors tant à l’égard des femmes que de la nature : une double malédiction qui reste à lever.
Mon avis sur la question :
Contrairement à ma sœur, qui avait été emballée par cet ouvrage, j’en garde une impression mitigée. J’ai trouvé l’introduction très intéressante et elle présageait une suite qui le serait tout autant. Malheureusement, j’ai vite décroché. Certes, ce livre soulève des points très intéressants qui me tiennent particulièrement à cœur : les signes du vieillissement chez les femmes et l’image qu’ils renvoient (un homme aux cheveux poivre et sel est « sexy » quand une femme est considérée comme « négligée »), l’image de la jeunesse que doivent garder les femmes, les questions de la maternité (ou de la non-maternité)… Mais pourtant, quelque chose m’a franchement gênée dans ce livre.
D’abord, j’ai eu du mal à entrer dedans : je m’attendais à un ouvrage plus engagé alors que j’ai eu l’impression de lire une thèse universitaire. L’aspect historique sur le positionnement des femmes dans la société (et plus particulièrement celles qui pratiquaient la médecine) et les craintes réelles que suscitaient les « sorcières » est évidemment largement documenté (c’est d’ailleurs le cas de tout le livre) mais il manque pour moi une dimension plus actuelle, plus concrète.
Sans parler de la fin. Pour moi, c’est un peu comme le dessert : c’est ce qui vient terminer la lecture et doit laisser une bonne impression. Le bouquet final du feu d’artifice. Mais là, j’ai été très déçue par cette absence de fin. A tel point que j’ai cru que j’avais raté la dernière page sur ma Kindle et que je suis retournée en arrière pour m’assurer que c’étaient bien là les derniers mots.
Bref, c’est un ouvrage de sociologie très documenté et bien écrit, mais je n’ai pas réussi à « rentrer dedans ». Ca arrive (même si j’avoue que je déteste quand ça me tombe dessus). Je suis allée au bout mais ma lecture a été laborieuse et il m’a fallu au moins quinze jours pour avoir envie de reprendre un nouveau livre…