Radium girls (Cy)
- Le 15/09/2020
- Dans Mes lectures
Je n’y connais rien en bandes-dessinées : à part les classiques qu’à peu près tout le monde a lus (Lucky Luke, Astérix, Tintin…), ma culture BD est très pauvre (même si j’ai une véritable passion pour les Dingodossiers et autres « Rubriques A Brac », qui me font rire depuis plus de 25 ans…). Et pourtant, depuis quelques temps, je découvre la bande-dessinée féminine, et ce que je découvre commence à bien me plaire. Je suis notamment la dessinatrice Cy sur Instagram, et son projet « Radium girls » m’a donné envie d’en savoir plus et de m’offrir sa dernière bande-dessinée.
Le pitch de l’éditeur
New Jersey, 1918. Edna Bolz entre comme ouvrière à l’United State Radium Corporation, une usine qui fournit l’armée en montres. Aux côtés de Katherine, Mollie, Albina, Quinta et les autres, elle va apprendre le métier qui consiste à peindre des cadrans à l’aide de la peinture Undark (une substance luminescente très précieuse et très chère) à un rythme constant. Mais bien que la charge de travail soit soutenue, l’ambiance à l’usine est assez bonne. Les filles s’entendent bien et sortent même ensemble le soir. Elles se surnomment les « Ghost Girls » : par jeu, elles se peignent les ongles, les dents ou le visage afin d’éblouir (littéralement) les autres une fois la nuit tombée. Mais elles ignorent que, derrière ses propriétés étonnantes, le Radium, cette substance qu’elles manipulent toute la journée et avec laquelle elles jouent, est en réalité mortelle. Et alors que certaines d’entre elles commencent à souffrir d’anémie, de fractures voire de tumeur, des voix s’élèvent pour comprendre. D’autres, pour étouffer l’affaire...
La dessinatrice Cy nous raconte le terrible destin des Radium Girls, ces jeunes femmes injustement sacrifiées sur l’autel du progrès technique. Un parcours de femmes dans la turbulente Amérique des années 1920 où, derrière l’insouciance lumineuse de la jeunesse, se joue une véritable tragédie des temps modernes.
Mon avis sur la question
Tout d’abord, je dois confesser que j’ai été très déstabilisée par la technique utilisée par la dessinatrice : toute la bande-dessinée est réalisée… au crayon de couleur ! J’avoue qu’au début, j’ai eu un peu de mal, mais rapidement, j’ai été emballée par ce choix artistique. La palette des couleurs, très limitée, est également particulièrement bien pensée, avec cette couleur verte du radium qui tranche avec le violet. Certaines pages (notamment celles montrant les personnages dans la mer) sont très belles et l’univers de Cy est vraiment unique.
Sur le fond, j’ai été emportée par cette histoire, dont je n’avais jamais entendu parler. Comment pouvais-je être passée à côté de ces radium girls qui ont pourtant eu un impact colossal sur la santé des travailleurs américains ? Comme j’aime ces ouvrages qui font revivre des héroïnes injustement oubliées (pas la peine de vous dire combien j’adore « Les culottées » de Pénélope Bagieu…). Ce livre, au-delà de raconter des faits historiques, est également une magnifique leçon de vie et de sororité. A une époque où l’on commence à peine à réaliser combien les femmes ont été peu écoutées, mises en danger et oubliées, je suis tellement heureuse que ce genre de livre puisse voir le jour.
J’ai eu envie d’en savoir plus, de creuser le sujet. Ce que j’ai découvert sur les Radium Girls dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer (faites un tour sur Google images, vous comprendrez). Cy réussit à raconter une merveilleuse histoire dramatique avec pudeur, humour et beaucoup de poésie. Tout ce qu’on aime…