Manderley for ever

Manderley for ever (Tatiana de Rosnay)

« Comment ai-je pu passer à côté de ce livre ? »

Voici la question que je me suis posée à l’instant où j’ai commencé Manderley for ever, la biographie de Daphné du Maurier écrite par Tatiana de Rosnay et publiée en 2015 aux Editions Héloïse Dormesson/Albin Michel. Pourtant, j’ai vu les films d’Hitchcock Rebecca et Les oiseaux (inspirés de deux des livres de Daphné Dumaurier) quand j’étais petite, je dévore les livres de Tatiana de Rosnay dont j’adore la plume, et ma mère me harcelait régulièrement pour savoir si je l’avais lu, mais non. Il était passé entre les mailles du filet. Jusqu’à récemment, quand ma sœur me l’a prêté en me disant « tu DOIS le lire ». Et elle avait raison.

Pour ceux qui ne la connaitraient pas, Daphné Dumaurier était une écrivaine anglaise du 20ème siècle. Elle était peu considérée par les critiques, qui la voyaient comme une auteure « à l’eau de rose », alors que son univers était macabre et fascinant. Une étiquette qui lui pesait, évidemment, mais ne l’a pas empêchée de vendre des millions de livres et de voir plusieurs de ses œuvres adaptées (avec plus ou moins de talent) au cinéma.

 

Je ne suis pas toujours une grande fan des biographies : c’est un exercice d’écriture très périlleux… Comme éviter un récit trop scolaire ? Comment s’assurer de coller à la réalité et ne pas trahir le caractère-même de celui/celle dont on raconte la vie, sans pour autant blesser ses descendants ? D’un autre côté, il faut donner envie au lecteur d’aller jusqu’au bout. Ecrire une biographie, surtout celle d’une personnalité complexe, c’est tout un art.

 

Et pour la première fois, j’ai été emportée dans une biographie. Daphné Dumaurier n’est décidément pas la vieille anglaise aux vêtements qui sentent la naphtaline que j’avais imaginée (allez savoir pourquoi…) mais une femme moderne, atypique, passionnante. J’ai été transportée par ce livre, qui se lit comme un véritable roman. A tel point que je me suis obligée à n’en lire que quelques pages par jour, pour prolonger un peu le plaisir (et aussi parce qu’avec un enfant en bas âge bien malade ces dernières semaines, je n’avais pas beaucoup l’occasion, ni la force, de faire du binge-reading !).

 

Au-delà de sa vie en tant que femme, épouse et mère, j’ai surtout adoré découvrir son processus créatif et ses rituels d’écriture. Forcément, quand soi-même on écrit, comme il est rassurant de réaliser que tous les auteurs, même les plus illustres, passent par les mêmes interrogations et les mêmes phases de doute. Trouver l’inspiration, sentir si un livre est bon ou moins bon, être habité par ses personnages, recevoir les critiques, y compris celles de ses proches (et savoir s’en détacher), devoir faire des choix, oser…

 

Je vais devoir rendre son exemplaire à ma sœur, mais j’ai déjà prévu d’en acheter un pour moi, parce que j’ai bien compris que Manderley for ever viendrait rejoindre la pile des livres que je relis régulièrement !