Les victorieuses

Les victorieuses (Laetitia Colombani)

Comme des millions de lecteurs, j’avais lu « La tresse », le premier roman de Laetitia Colombani. Et pourtant, j’ai failli passer à côté de cette pépite. Pourquoi ? Tout simplement parce que la couverture ne m’attirait pas du tout… Bien que les critiques soient dithyrambiques, ce livre ne me donnait pas envie. Et quand ça ne me tente pas, je ne me force pas. Jusqu’à ce que je le trouve dans une brocante pour une bouchée de pain. Et lorsqu’il n’est plus resté que ce livre sur ma table de chevet, je l’ai ouvert. Et j’ai pris une belle claque. C’est pourquoi je n’ai pas attendu pour lire le nouveau roman de l’autrice.

Le pitch de l’éditeur :

À 40 ans, Solène a tout sacrifié à sa carrière d’avocate : ses rêves, ses amis, ses amours. Un jour, elle craque, s’effondre. C’est la dépression, le burn-out.
Pour l'aider à reprendre pied, son médecin lui conseille de se tourner vers le bénévolat. Peu convaincue, Solène tombe sur une petite annonce qui éveille sa curiosité : « cherche volontaire pour mission d’écrivain public ». Elle décide d'y répondre.
Envoyée dans un foyer pour femmes en difficulté, elle ne tarde pas à déchanter. Dans le vaste Palais de la Femme, elle a du mal à trouver ses marques. Les résidentes se montrent distantes, méfiantes, insaisissables. A la faveur d'une tasse de thé, d'une lettre à la Reine Elizabeth ou d'un cours de zumba, Solène découvre des personnalités singulières, venues du monde entier. Auprès de Binta, Sumeya, Cynthia, Iris, Salma, Viviane, La Renée et les autres, elle va peu à peu gagner sa place, et se révéler étonnamment vivante. Elle va aussi comprendre le sens de sa vocation : l’écriture.Près d’un siècle plus tôt, Blanche Peyron a un combat. Cheffe de l'Armée du Salut en France, elle rêve d'offrir un toit à toutes les exclues de la société. Elle se lance dans un projet fou : leur construire un Palais. Le Palais de la Femme existe. Laetitia Colombani nous invite à y entrer pour découvrir ses habitantes, leurs drames et leur misère, mais aussi leurs passions, leur puissance de vie, leur générosité.

Alors, on en pense quoi ?

Cette fois encore, Laetitia Colombani nous propose des portraits croisés de femmes. La recette avait bien fonctionné la première fois, et c’est également le cas ici. Si l’histoire de Solène m’a peu touchée (je l’ai même trouvée parfois à la limite du pathos), j’avoue avoir été passionnée par celle de Blanche. Evidemment, j’ai fait quelques recherches sur cette femme incroyable, si moderne et déterminée, dont je n’avais jamais entendu parler, et croyez-moi, elle aurait bien eu sa place parmi les « Culottées » de Pénélope Bagieu (dont je vous recommande au passage la lecture…).

"Les Victorieuses" est un livre résolument féministe, dans le bon sens du terme : il y présente des femmes aux parcours étonnants. Des femmes fortes et combatives, des femmes blessées, des femmes qui s’aident, des femmes qui donnent, des femmes qui s'en sortent, d'autres qui coulent, des femmes hors-du-commun, des femmes comme tout le monde.

 

Le parallèle entre la précarité des femmes en 1925 et aujourd’hui, à peine un siècle plus tard, fait réfléchir. Oui, les choses ont évolué, mais pas assez. Laetitia Colombani réussit le magnifique pari de montrer le merveilleux, le joli, l’espoir, dans des situations dramatiques. Ce livre est une vraie réussite, à lire absolument et à faire lire à vos sœurs, vos nièces, vos mères, vos copines. C’est un livre à partager entre femmes. Je l’ai déjà prêté à ma tante, qui l’a dévoré en une soirée et me l’a rendu, enchantée. Un grand merci à l’auteure de nous faire vivre ces beaux moments de lecture qui nous font grandir…