Gratitudes

Les Gratitudes (Delphine de Vigan)

Autant l’avouer tout de suite : Delphine de Vigan est l’une de mes auteures préférées. Voilà, c’est dit. Au moins, vous êtes prévenus : je ne suis pas objective. Je garde un souvenir très fort de la lecture de deux de ses ouvrages Rien ne s’oppose à la nuit et D’après une histoire vraie qui m’ont réellement marquée et auxquels je repense souvent. Alors quand elle sort un nouveau livre, je fonce l’acheter. Je n’ai donc pas failli à la règle et Les Gratitudes est arrivée tout en haut de ma PAL*.

J’ai toujours une petite appréhension en lisant un nouveau livre, surtout lorsque j’ai tant aimé celui qui a précédé. Je le reconnais : j’avais été déçue par Les Loyautés. Bien sûr, Delphine de Vigan a toujours cette plume magnifique qui me transporte inévitablement dans son histoire, mais je ne m’étais pas attachée aux personnages. Sans doute l’impression laissée par son précédent ouvrage était-elle encore trop présente.

Publié un an après Les Loyautés, Les Gratitudes est le deuxième livre d’une trilogie autour des sentiments. L’histoire est simple : Michka est une vieille dame. Elle vit dans un EPAHD. Avant, elle était journaliste et correctrice : c’est dire si, pour elle, les mots avaient leur importance. Car Michka perd ses mots. Petit à petit, jour après jour, les syllabes se mélangent, un mot prend la place d’un autre, il lui devient difficile de se faire comprendre. Elle essaie, puis finit par abandonner. Trop dur. Pourtant, Michka a toute sa tête.

Deux personnages tout aussi attachants lui rendent régulièrement visite : Marie, une jeune femme qu’elle a aidée lorsqu’elle était enfant, et Jérôme, l’orthophoniste chargé de lui faire travailler le langage.

Oui, Delphine de Vigan s’attaque à un sujet difficile : vieillir. Perdre. Arrêter de. Ne plus pouvoir.

 

Alors, verdict ?

Quelques jours après avoir terminé ce livre, je n’arrive toujours pas à décider si je l’ai adoré ou détesté. Il est tout en complexité et en même temps très simple. A la fois triste et plein d’espoir. Moi qui aime tant jouer avec les mots, je n’ai pu m’empêcher de m’imaginer à la place de Michka. J’ai pensé à ma tante, qui vit dans un EPAHD et qui perd peu à peu non pas la parole mais la notion du temps et de ce qui l’entoure. Ce livre m’a fait vivre des montagnes russes de sentiments : j’ai souri, j’ai été mal à l’aise, touchée, effrayée, émue. J’ai eu peur de vieillir et envie de vivre chaque seconde intensément pour ne pas la gâcher. Finalement, c’est sans doute cela qui fait un bon livre : peu importe ce que vous ressentez en le lisant, tant qu’il vous fait éprouver quelque chose…

*PAL : Pile à Lire.