Fleurs de l ombre

Les fleurs de l'ombre (Tatiana de Rosnay)

Quelques jours avant le début du confinement, Tatiana de Rosnay (l'une de mes autrices préférées) a sorti son nouveau roman, "Les fleurs de l'ombre". Bien entendu, j'attendais ce nouvel ouvrage avec beaucoup d'impatience et je l'ai immédiatement téléchargé sur ma liseuse. Les premières semaines du confinement ayant été particulièrement intenses, je n'ai pas eu le temps de m'y plonger comme je le souhaitais. Mais j'ai fini par le lire. Et malheureusement, pour la première fois, je dois reconnaître (même si cela me fait de la peine de l'écrire) que j'ai été déçue...

Le pitch de l'éditeur :

La romancière Clarissa Katsef quitte son mari à la suite d’une découverte qui l’a profondément bouleversée et peine à trouver un nouveau toit. La chance semble tourner lorsqu’elle est admise, contre toute attente, dans la très convoitée résidence pour artistes CASA. Mais est-ce vraiment une chance ?
Après quelques jours passés dans son superbe appartement, au huitième étage d’un immeuble ultramoderne, elle éprouve un malaise diffus, le sentiment d’être observée en permanence. Ses nuits sont agitées, des traumatismes passés reviennent la hanter.
Qui se cache derrière CASA, projet à visée philanthropique ? Que veut vraiment ce « bienfaiteur » ? Affaiblie par le drame qui a fait imploser son mariage, tenaillée par le doute, Clarissa s’interroge. A-t-elle raison de se méfier ou cède-t-elle à la paranoïa, victime d’une imagination beaucoup trop fertile ?

Mon avis sur ce roman :

J'ai lu "Les fleurs de l'ombre" dans des conditions particulières. Alors que la France entière (et la moitié de l'humanité !) est contrainte de rester chez elle pour éviter l'épidémie de coronavirus, je croyais naïvement que la lecture me permettrait de m'échapper un peu de ce quotidien stressant. J'ai malheureusement été rattrapée par la réalité : entre mon travail qui, même à distance, me prend de longues heures chaque jour (y compris le week-end !) et mon petit garçon de deux ans et demi plein de vie, je n'ai pas pu trouver le temps de lire. Pire, je n'en avais plus envie. Impossible de me plonger dans ce nouveau roman que j'avais pourtant tant attendu : je n'y arrivais pas. J'ai fini, en me forçant un peu (ne dit-on pas que "l'appétit vient en mangeant" ?) par le commencer, mais les premières pages ont été laborieuses. Je n'accrochais pas avec le personnage, avec l'histoire qui n'avançait pas assez vite à mon goût, je ne voyais pas trop où l'autrice voulait en venir... Mais j'ai fini par rentrer dans le livre (ce qui m'a, je dois le reconnaître, profondément rassurée).

Ce nouveau roman se déroule à Paris, dans un futur pas si lointain : une dizaine d'années après les JO de 2024. Et pourtant, le monde a bien changé : les abeilles ont disparu (entrainant les conséquences que l'on redoute aujourd'hui sans pour autant faire quoi que ce soit...), le climat est totalement dérèglé, le monde a été marqué par de violents attentats et surtout, les technologies ont continué leur croissance exponentielle, avec notamment le développement de l'intelligence artificielle qui a tout bouleversé. Evidemment, ce contexte fait réfléchir. Un point amusant également, je me souviens que le dernier livre de Tatiana de Rosnay, "Sentinelle de la pluie", prévoyant une crue énorme de la Seine : quelques mois après sa publication, la Seine a effectivement connu une crue immense qui nous a tous fait très peur. Espérons donc que l'autrice n'a pas de don de voyance et que ce nouveau roman n'est pas une prédiction de ce qui nous attend !

Pour rentrer dans le vif du roman, je dois dire que j'ai eu un peu de mal à accrocher à l'histoire.: les thématiques, pourtant passionnantes, me semblaient abordées en superficialité, comme si l'autrice n'était pas allée au fond des choses. On retrouve bien sûr des thèmes qui lui sont chers (comme celui des lieux et de ce qu'ils dégagent, qu'on retroue dans plusieurs autres de ses livres comme "Le Voisin " ou "La mémoire des murs") ou qui la touchent directement (par exemple, Clarissa est franco-britannique, comme elle, et décide d'écrire son livre dans deux langues simultanément, comme l'a fait l'autrice pour la première fois ici). Surtout, le livre soulève de nombreuses questions auxquelles je reste frustrée de ne pas avoir de réponses : la petit-fille du personnage principal lui propose son aide pour enquêter sur CASA, cette mystérieuse organisation : pourquoi Tatiana de Rosnay n'a-t-elle pas creusé cette piste ? Le personnage de Jim, qui disparait, était intéressant : où est-il ? Pourquoi n'est-elle pas partie à sa recherche ? Pourquoi n'a-t-on pas plus d'informations sur cette poudre qui tombe dans son verre ? Car voilà ce qui m'a gênée dans ce livre : comme toujours, l'autrice sait nous faire ressentir les émotions et nous tenir en haleine (la scène de la canicule notamment est particulièrement bien écrite et j'ai même dû aller prendre un verre d'eau tellement je me sentais assoiffée et stressée) mais cette fois-ci, c'est comme si la fin du livre avait été bâclée. Comme si elle avait voulu terminer très vite sans apporter au lecteur la moindre réponse. Je ne suis pas une adepte des fins trop explicites (la preuve, j'ai volontairement terminé la fin de mon roman en laissant le lecteur un peu sur sa faim. Mais dans mon cas, je souhaitais que le lecteur ressente la même frustration que mon personnage principal qui ne pouvait obtenir les réponses sur ses origines) mais ici, j'ai l'impression d'un soufflé qui retombe.

Je ressors de ma lecture avec un sentiment de frustration. Pire, d'agacement. Tatiana de Rosnay écrit divinement bien et tous ses lecteurs (moi la première) attendent ses romans avec une grande impatience. Mais cette fois-ci, j'ai un peu l'impression qu'elle ne s'est pas foulée. Certes, elle maîtrise à la perfection les ficelles d'un roman : l'intrigue, les thématiques intéressantes, les émotions, les scènes fortes, le suspense... Mais pour la première fois, la mayonnaise n'a pas pris. Il manquait sans doute un petit quelque chose...