Enfants rois vigan

Les enfants sont rois (Delphine de Vigan)

Deux ans que j'attendais ça : il y a quelques jours, Delphine de Vigan a sorti un nouveau livre. En grande admiratrice de son travail, j'ai évidemment immédiatement acheté son dernier roman "Les enfants sont rois" et me suis plongée dans sa lecture sans plus attendre (et croyez-moi, en ce moment, j'ai un planning serré donc ça n'a pas été facile !). En plus, le sujet m'intéressait : la téléréalité, les enfants influenceurs, les réseaux sociaux... Alors que nous "fêterons" dans quelques semaines le 20ème anniversaire de Loft Story, j'ai bien entendu eu envie de le lire, certaine que l'écrivaine que j'admire tant allait une fois encore m'embarquer dans un incroyable voyage. Loupé.

Le pitch de l'éditeur :

2010. Mélanie, qui a grandi dans le culte de Loana de Loft Story, n'a qu'une idée en tête : devenir célèbre. Mais son unique apparition dans une émission de téléréalité est un fiasco. Quelques années plus tard, mariée et mère de famille, elle crée sur YouTube la chaîne Happy Récré, mettant en scène Sammy et Kimmy, ses deux enfants, au quotidien. Bientôt, la voilà suivie par des millions d'abonnés, qui likent et commentent la moindre virée au supermarché, les vidéos d'unboxing où les petits déballent des cadeaux sans fin, et autres défis célébrant la consommation.
Pendant ce temps, une jeune femme, Clara, entre dans la police. Marquée par la perte brutale de ses parents et sa difficulté à fonder une famille, elle intègre la Brigade criminelle où elle deviendra « procédurière » - c'est-à-dire chargée de récolter sur les scènes de crime les indices qui lui permettront de rédiger une version précise des faits en vue des Assises.
Leurs chemins se croisent à la suite de la disparition de Kimmy, âgée de sept ans, lors d'une partie de cache-cache en bas de chez elle. Mauvaise rencontre ? Fugue ? Enlèvement ? Tandis que l'enquête progresse et qu'elle découvre l'univers des influenceurs, Clara mesure la violence que constitue Happy Récré pour les deux enfants qui en sont les rois... et les victimes.
Avec ce roman qui s'ouvre sur les années Loft et s'achève en 2031, Delphine de Vigan s'empare d'un sujet vertigineux : les réseaux sociaux et leurs dérives. Et explore avec maestria une société basculant dans le culte de l'ego, où tout est mis en scène et se vend, jusqu'au bonheur familial.

 

Mon avis sur la question :

Je n'en reviens pas d'écrire cela : je me suis profondément ennuyée à la lecture du dernier roman de Delphine de Vigan. Du début à la fin. Pour preuvre, voici un extrait de mes notes de lecture (oui, je note mes impressions au fur et à mesure de ma lecture, pour bien garder en mémoire ce que j'ai ressenti - don't judge me) : 

-"9% : impression de regarder une émission de téléréalité - je me fais chier

- 31% : on dirait une thèse - je me fais toujours chier

- 47% on rentre enfin dans le polar : espérons que ça avance

- 67% : tout ça pour ça"

J'ai laissé passer quelques jours avant d'écrire cette chronique, histoire de voir quelle impression me restait sur ce livre. Et rien n'a changé. Je n'ai pas été emportée, loin de là. Alors qu'habituellement, je plonge dans les récits de Delphine de Vigan dès les premières lignes, la magie n'a pas opéré cette fois. J'ai eu la désagréable sensation d'être devant un documentaire sur la téléréalité et les réseaux sociaux, qui chercherait à dénoncer le système des influenceurs en en dévoilant les coulisses. Sauf que depuis 20 ans, on a bien compris comment ça marche. Depuis la moitié de ma vie, ce phénomène existe : entre les témoignages d'anciens candidats, les révélations "choc" sur "Instagram vs réalité" et les interminables débats sur la règlementation des enfants influenceurs, rien ne m'a surprise dans ce livre. Les médias vantent un livre éblouissant, une critique époustouflante d'un phénomène de société, un polar parfaitement maitrisé. Je n'y ai vu qu'un livre plat, ennuyeux. L'enquête policière peine à commencer et son dénouement est tellement évident que la simple évocation d'un personnage qui semblait anecdotique m'a immédiatement fait comprendre le dénouement de l'histoire.

La fin aurait pu être intéressante : on se retrouve projeté en 2031, dix ans après, une fois que les enfants influenceurs sont à leur tour devenus des adultes. Malheureusement, là encore, la mayonnaise n'a pas pris. Pire, la fin avec la scène du papillon (je ne vous en dis pas plus...) m'a semblé tellement ridicule que j'ai refermé ce livre avec soulagement et un peu de gêne.

Finalement, je ne sais même pas quoi penser. Les commentaires de lecteurs sont dithyrambiques et la majorité de ceux que j'ai lus semblent avoir adoré ce livre... Je ne comprends pas. Personne dans mon entourage ne l'a encore lu : j'ai hâte de pouvoir en discuter car j'ai vraiment envie d'avoir d'autres avis. Pour l'instant, je suis simplement déçue, même un peu fâchée, parce que Delphine de Vigan est une immense écrivaine dotée d'un talent fou, d'une plume sublissime et d'une capacité à vous retourner le cerveau en trois phrases (comme elle l'avait si brillamment fait dans D'après une histoire vraie ou dans Rien ne s'oppose à la nuit). Et là, c'est comme si elle avait cédé à la facilité : un livre sur la téléréalité, alors qu'on ne va parler que des 20 ans du Loft ? En fait, je lui en veux parce que ce roman est tellement en deça de son talent que c'est du gâchis...

 


 

Delphine de Vigan