Le_temps_d_une_allumette

Le temps d'une allumette (Agathe Chenevez)

Cette semaine, j'ai pris une énorme claque. Une baffe dans ma gueule. J'ai lu le premier livre d'Agathe Chenevez, une étudiante en psychologie d'à peine 20 ans, et je ne suis pas près de m'en remettre... Je regrette que ce livre soit sorti en librairie quelques jours seulement avant le début du confinement, car j'ai peu qu'il ne connaisse pas le grand succès qu'il mérite pour une sale histoire de virus et de mauvais timing... Oui, vous l'aurez compris, ce livre est un bijou, aussi bien sur le fond que sur la forme.

Le pitch de l'éditeur :

Gabriel est un petit garçon curieux, qui a soif de découvrir le monde qui l'entoure. Son regard d'enfant, naïf et profond, transforme les "petits riens" de l'existence en bonheurs tangibles. Il ne comprend pas l'école mais adore la musique, les peintres de Montmartre. Un bonnet bleu protège sa tête depuis que ses cheveux d'or sont tombés. Gabriel est gravement malade ; il a entendu ses parents prononcer ce mot définitif : cancer.
Malgré son jeune âge, Gabriel fait preuve d'une sagesse et d'une maturité rares. Ses parents et les médecins se sentent démunis ? Il est l'enfant qui va aider les adultes à grandir.

 

Mon avis sur la question :

Je dois admettre qu'au premier abord, j'ai été troublée par la forme de cet ouvrage, écrit comme une pièce de théâtre. J'avoue ne pas être une grande adepte de cette forme littéraire, qui me renvoie à la difficile lecture des grands classiques de Racine ou Molière que nous imposaient nos professeurs de collège. Ah, le poids des traumatismes de jeunesse ! Et pourtant, dès les premiers mots, le récit d'Agathe Chenevez m'a emportée. Ce n'est pas seulement un livre, c'est de la poésie, de la musique. Les mots sont magnifiques, avec un rythme et un phrasé absolument magnifiques. Je n'avais plus envie de lire dans ma tête mais à voix haute, pour entendre la mélodie de cette langue française si bien maitrisée. Car l'autrice écrit merveilleusement bien. Quand je pense qu'elle n'a que 20 ans ! Elle a un immense talent, et j'ai hâte de lire ces prochains écrits car je suis prête à parier que ce n'est que le début d'une immense carrière d'auteure.

Quant au fond, bien entendu il m'a bouleversée... L'histoire de ce petit garçon qui a perdu ses cheveux blonds à cause d'un cancer et va mourir, ne peut que me toucher. On accompagne aussi ses parents qui traversent cette épreuve : étant moi-même maman d'un petit blondinet, je n'ai pu m'empêcher de me mettre à la place de ce couple si démuni de perdre leur fils, ce petit bonhomme si plein de vie qui rayonnait de bonheur. Le décès d'un enfant n'est-il pas la plus grande crainte de tous les parents ? J'ai eu une boule dans la gorge tout au long de ma lecture, des larmes ont coulé, j'ai été obligée de m'arrêter à mi-chemin tellement les émotions débordaient. J'avais envie de lire encore et encore, tout en ayant hâte de terminer ce livre si poignant qui me faisait si mal.

"Le temps d'une allumette" est plus qu'une simple fable : c'est un livre aux mille facettes, qui peut se lire avec plusieurs niveaux de lecture. Un ouvrage poétique, musical, une promenade dans le Paris que j'aime, celui des cartes postales, celui des artistes, le vrai, celui qui ne triche pas. J'ai eu envie de relire "La petite fille aux allumettes" et "Le petit prince", j'ai eu envie de trouver que la vie est belle mais quand elle semble ne pas l'être. J'ai eu envie d'être heureuse, amoureuse, de chanter, de voir le joli qui m'entoure plutôt que le sombre.

Ce livre est une pépite : lisez-le, relisez-le, offrez-le...