Le Pouvoir (Naomi Alderman)
- Le 11/04/2019
- Dans Mes lectures
Sur les conseils d’une de mes collègues, j’ai lu Le Pouvoir, ce roman de Naomi Alderman publié en anglais en 2018 et sorti en France l’année dernière. Je l’ai terminé il y a quelques semaines maintenant, et pourtant, ce livre me laisse une drôle d’impression. Il ne se passe pas une journée sans que j’y repense et, plus de deux mois après l’avoir refermé, je n’arrive toujours pas à savoir si je l’ai adoré ou détesté..
L’histoire est simple : à la suite d’une mutation génétique, les femmes se découvrent un pouvoir électrique qui les rend physiquement plus fortes que les hommes. Au début, ce sont quelques adolescentes qui expérimentent cette nouvelle force : elles peuvent produire des éclairs, faire fondre le métal, griller les systèmes électriques des appareils… et même tuer. Très rapidement, avec l’appui de vidéos publiées sur Internet et qui deviennent virales, le phénomène prend de l’ampleur. Les femmes du monde entier s’approprient cette nouvelle faculté qui les rend plus puissantes que les hommes et rapidement, la société s’inverse complètement.
On se demande souvent comment serait le monde s’il était dirigé par les femmes : certains pensent qu’il n’y aurait pas de guerres, que les relations seraient plus harmonieuses… Ce n’est décidément pas ce genre de société plus paisible que décrit Le Pouvoir. Petit à petit, le monde se transforme : une nouvelle religion apparait, dont le Dieu est évidemment une femme. Les hommes se sentent menacés (on ouvre même des écoles non-mixtes afin d’assurer leur sécurité), des révoltent éclatent partout dans le monde, et notamment dans les pays où les femmes opprimées cherchent à se venger. Des guerres éclatent, c’est le chaos.
Le roman nous fait suivre plusieurs personnages :
- Tundee, un jeune nigérian qui se retrouve confronté dès le début au phénomène et décide de s’y intéresser de plus près. Il découvrira petit à petit, au péril de sa vie, combien il est difficile de devenir le sexe faible.
- Allie, une ado américaine violée par son beau-père : elle s’échappera et deviendra « Mother Eve », sorte de prêtresse gourou d’une nouvelle religion.
- Roxy, une jeune anglaise dont la mère a été assassinée sous ses yeux. Fille d’un gangster, elle reprendra ses affaires et deviendra une redoutables femmes d’affaires à la tête d’un important réseau de drogue.
- Margot, l’ambitieuse maire d’une petite ville américaine (et mère d’une jeune fille qui a du mal à gérer son « pouvoir »).
Et alors, mon avis ?
Ce livre est un page turner : difficile de ne pas être emporté. Tous les matins, je replongeais dedans, mais rapidement, je me sentais écœurée. Quelques pages, pas plus, car il me fallait du temps chaque jour pour les digérer. C’est un ouvrage qui fait réfléchir : on ne peut pas s’empêcher de faire des comparaisons, de se dire « et si ça arrivait ? », de se poser des questions. Certaines scènes sont d’une grande violence (je ne vous cache pas que celle du viol d’un homme par plusieurs femmes a été un peu difficile à lire un lundi matin à l’heure de pointe dans le métro…). J’ai essayé d’en parler avec plusieurs personnes qui l’avaient lu et toutes, malgré des approches différentes, ont ressenti un malaise. Les mots de l’auteur sont très durs et la civilisation qu’elle décrit est épouvantable et très cruelle. Et pourtant, tout existe. Les faits qu’elle décrit nous semblent sans doute plus choquants parce que nous ne sommes pas habitués à cette inversion des rôles, mais en réalité, des millions de femmes vivent au quotidien ce que dépeint le livre du point de vue des hommes. C’est un roman que je ne relirai jamais, mais que je conseillerai à toutes… et surtout à tous