L'énigne de la chambre 622 (Joël Dicker)
- Le 03/06/2020
- Dans Mes lectures
Comme des millions de lecteurs, j'avais été emballée par "La vérité sur l'affaire Harry Québert" et Joël Dicker fait désormais partie des auteurs dont j'attends les livres avec beaucoup d'impatience. Alors bien entendu, j'étais pressée de lire son nouvel opus, "L'énigme de la chambre 622", sorti le 27 mai dernier. Comment résumer ce que je ressens après l'avoir terminé ? Disons que "plus l'espérance est grande, plus la déception est violente"...
Le pitch de l'éditeur :
Une nuit de décembre, un meurtre a lieu au Palace de Verbier, dans les Alpes suisses. L’enquête de police n’aboutira jamais.
Des années plus tard, au début de l’été 2018, lorsqu’un écrivain se rend dans ce même hôtel pour y passer des vacances, il est loin d’imaginer qu’il va se retrouver plongé dans cette affaire.
Que s’est-il passé dans la chambre 622 du Palace de Verbier?
Avec la précision d’un maître horloger suisse, Joël Dicker nous emmène enfin au cœur de sa ville natale au fil de ce roman diabolique et époustouflant, sur fond de triangle amoureux, jeux de pouvoir, coups bas, trahisons et jalousies, dans une Suisse pas si tranquille que ça.
*** SPOILER ALERT***
Les lignes qui vont suivre risquent de vous révéler une partie de l'intrigue, alors si vous ne souhaitez pas connaître la fin, fuyez avant qu'il ne soit trop tard...
Ce livre a une structure intéressante présentant une double temporalité (voire une triple). Tout s'abord, un écrivain qui, après une rupture sentimentale, part en vacances et se retrouve par hasard en train d'enquêter (avec l'aide d'une cliente de l'hôtel, la pétillante Scarlett) sur un meurtre qui a eu lieu des années plus tôt et dont il décide de faire le sujet de son prochain livre Ensuite, l'histoire de ce meurtre et de l'enquête qui a suivi à l'époque. Enfin, de petites parenthèses en souvenir de Bernard de Fallois, l'éditeur de Joël Dicker (décédé en 2018) auquel l'auteur rend un émouvant hommage en l'intégrant à ce roman...
En revanche, hormis ces histoires dans l'histoire (un style que j'aime beaucoup en général), j'avoue que j'ai été très déçue par le livre, qui s'apparenterait plutôt à un premier roman médiocre plutôt qu'à la dernière oeuvre d'un écrivain si doué (mais qui va par ailleurs se vendre comme des petits pains cet été).
Les personnages sont caricaturaux (Macaire semble être un parfait benêt, à la fois méchant et gentil, ambitieux et peu sûr de lui), certaines scènes sont ridicules avec des dialogues dignes d'une mauvaise série télé. Par exemple, on comprend tout de suite qu'il n'est pas agent secret et que les "missions" auxquelles il participe ne sont qu'une vaste farce. L'auteur utilise des procédés peu subtils pour nous mettre le doute : ainsi, l'évocation lourdingue à plusieurs reprises du pistolet doré (sérieusement ???) et gravé à son prénom (WTF ?) d'Anastasia, pour nous laisser croire qu'elle est la meutrière. Ou encore le fait d'insister, encore et encore, sur les talents d'acteurs de Lev et de son père (dont le métier reste très mystérieux, ce qui nous met tout de suite la puce à l'oreille).
On se demande en permanence qui est ce Signor Tarnogol, un peu ridicule avec sa canne en diamants et son caractère de merde. Mais lorsque l'on découvre qu'il s'agit en réalité d'un personnage fictif grâce à un costume et un masque tellement bien fait qu'on dirait de la vrai peau, j'avoue que ça fait pitié. Bien entendu, Dicker tente d'expliquer que ce masque a été réalisé par des professionnels d'Hollywood, mais c'est peu crédible quand on sait le temps qu'il faut pour se grimer ainsi (alors que le faussaire du livre semble se transformer en quelques minutes à peine). En lisant cette partie du livre, je n'ai pu m'empêcher de penser à Louis de Funès et Fantomas...
Dès le début du livre, on comprend qu'Anastasia est au coeur de l'intrigue et que tout se joue autour d'elle. Et même la fin est ridicule, en mode "ils se marièrent, eurent beaucoup d'enfants et vécurent heureux". Affligeant. Evidemment Joël Dicker écrit bien, mais pour la première fois, j'ai eu du mal à suivre certains passages, tellement ils étaient tirés par les cheveux. Comme si l'auteur avait voulu tellement bien faire que tout était compliqué. J'ai eu cette drôle d'impression qu'on ressent quand on regarde un téléfilm de l'après-midi, ceux qui sont un peu mauvais, pleins de faux suspens et de d'histoires d'amour ringardes : on regarde mollement, ça passe le temps, mais on n'en retient rien et on se dit qu'on a perdu son temps.
Quand à la toute fin du livre, alors qu'on a cru tout le long aux aventures de l'Ecrivain et de la jeune Scarlett qui menaient l'enquête ensemble, on comprend qu'en réalité l'Ecrivain est resté enfermé chez lui deux semaines pour écrire son livre, que rien de tout cela n'a existé et qu'il va clairement remettre le couvert avec la femme qui lui a causé son chagrin d'amour du début. *Soupir*
Je n'aime pas dire du mal des livres (je sais le travail que cela représente d'écrire) mais j'avoue ne pas comprendre. J'en viens même à me demander si ce n'est pas le fait que Dicker ait perdu son éditeur - avec lequel il semblait avoir une telle amitié et relation de confiance professionnelle - qui est la cause de cette médiocrité. Dommage, tellement dommage... Mais sans doute suis-je la seule à ne pas avoir aimé : j'ai hâte de savoir ce qu'en ont pensé les autres, il est toujours passionnant de confronter les points de vue sur une même oeuvre. La littérature a cela de magique qu'elle ne plait pas à tout le monde de la même manière, et c'est une grande richesse !