Etes anglais

Etés anglais (Elizabeth Jane Howard)

« Don’t judge a book by its cover », dit le dicton. Mais c’est pourtant exactement ce que j’ai fait avec « Etés anglais ». Je suis entrée dans ma petite librairie de village et là, au milieu de centaines de livres, cette couverture aux teintes vertes rétro a immédiatement capté mon regard. Un petit Post-it indiquait « Coup de cœur de votre libraire » : je me suis laissé tenter.

Le pitch de l’éditeur

Juillet 1937. À Home Place, au cœur du Sussex, jardiniers, femmes de chambre et cuisinière sont sur le pont. La Duche orchestre le ballet des domestiques avant l’arrivée de ses trois fils, Hugh, Edward et Rupert Cazalet, en chemin depuis Londres avec épouses, enfants et gouvernantes. Où dormira Clary, adolescente mal dans sa peau en plein conflit avec sa belle-mère? Quelle robe portera Villy, ancienne ballerine désormais mère au foyer ? Polly, terrorisée à l’idée qu’une guerre éclate, s’entendra-t-elle avec sa cousine Louise qui rêve de devenir actrice? Rachel, la seule fille de la Duche, trouvera-t-elle un moment pour ouvrir la précieuse lettre de son amie Sid ?
Non-dits, chamailleries, profonds chagrins… Aux préoccupations des adultes font écho les inquiétudes des enfants, et à la résilience des femmes, qu’elles soient épouses, fillettes ou domestiques, répond la toute-puissance – ou l’impuissance – des hommes. L’été regorge d’incertitudes mais, sans l’ombre d’un doute, une nouvelle guerre approche : entre pique-niques sur la plage et soirées auprès du gramophone, il faudra inventorier lits de camp et masques à gaz.

Mon avis sur la question :

Quel drôle de livre… Je dois reconnaître qu’il m’a laissé une impression étrange. La première partie se passe à l’été 1937 : l’autrice pose le décor, on découvre peu à peu les personnages, leurs caractères, leurs travers… Les relations humaines (notamment la psychologie des enfants) sont très bien vues et décrites, mais finalement, il ne se passe pas grand-chose. Le rythme lent est à l’image de celui des vacances anglaises, le récit coule, avec de longues descriptions des activités et ressentis de chacun. Il n’y a pas vraiment d’histoire et je reconnais m’être un peu ennuyée parfois.

Ce premier été m’a fait penser à ces mois de juillet passés chez mes grands-parents, il y a bien longtemps, où chaque jour ressemblait au précédent et au suivant. Le temps passe avec une « langueur monotone » mais pas désagréable…

Quelques passages sont maladroits et il y a quelques répétitions lourdes (franchement, les petites manies de la grand-mère sur la façon de manger ses toasts n’apportent rien au récit) mais ce n’est pas gênant.

En revanche, la seconde partie du livre (l’été 1938) est bien différente. On découvre enfin ce qui se cache derrière les apparences, et ce n’est pas toujours très beau à voir : adultère, inceste, viol, homosexualité (à l’époque, un vrai crime), doutes, solitude, égoïsme… On a l’impression d’enlever le filtre Instagram et de voir la réalité telle qu’elle est. Car finalement, ces familles anglaises qui semblent parfaites de l’extérieur n’en sont pas moins normales que les autres familles, avec leurs failles, leurs faiblesses, leurs côtés sombres. Et finalement, bien qu’il n’y ait toujours pas vraiment d’intrigue, je me suis prise au jeu. Sans doute ce côté moins lisse, plus psychologique, qui est bien plus intéressant.

Bref, contrairement à ce que les 300 premières pages m’ont fait ressentir (oui, je suis persévérante !), j’ai bien aimé ce livre. La preuve, je me suis surprise à regarder la date de parution du tome 2. C’est prévu pour le mois d’octobre. C’est parfait. Ce n’est pas un livre d’été. C’est un livre à lire en hiver, quand il fait bien froid dehors, qu’on est perdu dans le train-train quotidien : j’imagine alors le bonheur de se replonger dans la tiède lenteur de ces étés anglais…

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