Avec toutes mes sympathies (Olivia de Lamberterie)
- Le 12/07/2019
- Dans Mes lectures
Pour comprendre la portée de ce livre, il est important de savoir qui en est l'auteure : Olivia de Lamberterie est une personnalité qui compte dans le monde des livres. Journaliste et critique littéraire, elle est rédactrice adjointe du magazine Elle et chroniqueuse littéraire sur Télématin. Bref, les livres, elle connait et un seul mot d'elle peut booster les ventes d'un ouvrage. Olivia, c'est un peu la Anna Wintour de la littérature (rien que ça). Alors évidemment, lorsque j'ai découvert qu'elle avait pris la plume, j'ai voulu découvrir comment écrit celle qui connait (et juge) si bien les écrits des autres.
Présentation de l'éditeur : Les mots des autres m’ont nourrie, portée, infusé leur énergie et leurs émotions. Jusqu’à la mort de mon frère, le 14 octobre 2015 à Montréal, je ne voyais pas la nécessité d’écrire. Le suicide d’Alex m’a transpercée de chagrin, m’a mise aussi dans une colère folle. Parce qu’un suicide, c’est la double peine, la violence de la disparition génère un silence gêné qui prend toute la place, empêchant même de se souvenir des jours heureux.
Moi, je ne voulais pas me taire.
Alex était un être flamboyant, il a eu une existence belle, pleine, passionnante, aimante et aimée. Il s’est battu contre la mélancolie, elle a gagné. Raconter son courage, dire le bonheur que j’ai eu de l’avoir comme frère, m’a semblé vital. Je ne voulais ni faire mon deuil ni céder à la désolation. Je désirais inventer une manière joyeuse d’être triste.
Les morts peuvent nous rendre plus libres, plus vivants. »
Je dois l'admettre, je ne connaissais pas du tout la thématique du livre avant de l'acheter sur Kindle (oui, je suis une lectrice compulsive sur tablette : un jour, on en parlera dans un article plus détaillé). Malheureusement, les raisons qui ont poussé Olivia de Lamberterie à écrire sont bien triste : c'est pour rendre hommage à son frère décédé qu'elle est passée de l'autre côté de la barrière. Si j'avais su, je n'aurais sans doute pas lu ce livre. Non pas que je ne l'aie pas aimé (bien au contraire !) mais parce que je vis également depuis quelques mois un deuil particulièrement douloureux, et que les mots d'Olivia ont remué en moi des émotions que je croyais en train de s'appaiser.
Ce livre est beau, plein d'amour et, même si le sujet est douloureux, de bonheur. Olivia nous raconte l'homme qu'était son frère, avec ses parts d'ombre mais aussi de lumière. Pas de faux semblant, elle ne nous cache rien. Elle a su trouver les mots justes, nous faire ressentir la douleur de la perte d'un être cher mais aussi le goût de la vie qui continue malgré tout. Cette lecture m'a été à la fois douloureuse et libératrice : j'ai quand même mis presque quinze jours à en venir à bout, en laissant passer un peu de temps entre chaque partie, pour digérer les émotions qu'elle suscitait en moi...
"Avec toutes mes sympathies" est une maginfique preuve d'amour, un sublime au-revoir, une incroyable ode à la vie. Pourtant, je n'ai pu m'empêcher de le trouver très (trop ?) intime. L'auteur s'y dévoile avec une totale transparence, mais met également en lumière les sentiments et les émotions de ses proches : la femme de son frère, ses parents, sa nièce... J'ai tenté de me mettre à leur place : chacun vit le deuil à sa manière, comme il peut, et je ne sais pas si j'aurais aimé que mon chagrin soit décrit noir sur blanc sur un livre lu par des milliers d'inconnus...
Malgré tout, ce livre est sublime, et si l'on arrive à se détacher un peu de la réalité des personnages, il reste une pépite littéraire. Comme quoi, derrière les critiques peuvent se cacher de grands auteurs. En revanche, à ne pas lire en vacances : c'est un récit boulversant pas tout à fait adapté à la légéreté des lectures de plage...