Les grandes oubliées (Titiou Lecoq)
- Le 05/12/2021
A 40 ans, je viens d’avoir une révélation : tout ce que j’ai appris à l’école est faux. Du moins, incomplet… Souvent, je me suis demandé pourquoi il y avait si peu de femmes dans mes livres scolaires : j’avais fini par me dire que les femmes n’avaient pas tenu de rôle aussi important que les hommes dans l’Histoire (avec un grand H) et que leur condition de femmes les avait obligées à rester en retrait. Jusqu’à ce que la lecture du dernier livre de Titiou Lecoq, « Les grandes oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes ? », me fasse entrevoir une réalité bien différente : le rôle des femmes dans l’Histoire, mais aussi dans le domaine artistique, n’a pas été aussi minime que je le croyais. Bien au contraire. Alors pourquoi – et comment – a-t-on fait disparaitre ces femmes ?
Le pitch de l’éditeur :
De tout temps, les femmes ont agi. Elles ont régné, écrit, milité, créé, combattu, crié parfois. Et pourtant elles sont pour la plupart absentes des manuels d'histoire.
" C'est maintenant, à l'âge adulte, que je réalise la tromperie dont j'ai été victime sur les bancs
de l'école. La relégation de mes ancêtres femmes me met en colère. Elles méritent mieux. Notrehistoire commune est beaucoup plus vaste que celle que l'on nous a apprise. "
Pourquoi ce grand oubli ? De l'âge des cavernes jusqu'à nos jours, Titiou Lecoq s'appuie sur
les découvertes les plus récentes pour analyser les mécanismes de cette vision biaisée de l'Histoire. Elle redonne vie à des visages effacés, raconte ces invisibles, si nombreuses, qui ont modifié le monde. Pédagogue, mordante, irrésistible, avec elle tout s'éclaire. Les femmes ne se sont jamais tues. Ce livre leur redonne leurs voix.
Mon avis sur le livre « Les grandes oubliées – Pourquoi l’Histoire a effacé les femmes ? »
Je suis en primaire. Bonne élève, assoiffée de savoir, je dévore mes livres d’Histoire comme des romans : on parle de la préhistoire, des gaulois, de chevaliers, de rois courageux, de batailles… Je découvre les noms de personnages illustres mais parmi eux, point de femmes. Ah si, Jeanne d’Arc…
Je suis en 3ème. Lors d’un cours, nous étudions la 2nde Guerre Mondiale. Un élève lève la main et s’étonne de l’absence de femmes dans ce conflit. Notre professeure lui répond, un peu gênée, qu’il y avait des femmes, en laissant sous-entendre qu’elles étaient des prostituées dont le rôle était de détendre les soldats. 26 ans plus tard, je regrette de ne pas avoir relevé, alors qu’il est de notoriété publique que le rôle des femmes pendant cette période a été crucial dans la gestion du pays.
Je suis en première année de droit à Assas. Nous étudions les institutions de la France féodale. Et là non plus, pas une femme. A croire que la moitié de la population n’avait d’autre rôle que de faire des enfants et gérer le foyer. Et pourtant, nous sommes très loin de la réalité.
La lecture de ce livre m’a fait l’effet d’un électrochoc. En quelques heures, j’ai eu l’impression que tout ce que j’avais appris jusqu’à présent était biaisé, filtré par un prisme déformant. En s’appuyant sur les travaux de nombreux historien.ne.s et chercheurs/ses, de la préhistoire à nos jours, Titiou Lecoq rend leur véritable place à ces femmes qui ont fait l’Histoire et qu’on a volontairement écartées.
J’ai découvert la reine Brunehaut, qui a régné en France pendant presque 40 ans, et dont aucun manuel d’Histoire de mon époque n’évoquait le nom (elle n’apparait même pas dans la liste des règnes de France sur Wikipédia !). Au-delà des questions fondamentales que soulève Titiou, elle a également l’art de raconter. Son récit de la vie de cette reine oubliée est digne d’unde Game of Throne et j’avais l’impression de lire un roman à rebondissements !
Titiou Lecoq évoque également ces métiers que les femmes exerçaient au Moyen-Âge (jongleresse, médecine, chevaleresse…) et dont les noms ont été masculinisés. Ainsi, le terme « autrice », qui me tient tant à cœur, vient de la même racine que « actrice », que personne ne trouve choquant, mais je ne compte plus les gens qui se moquent de moi quand je l’utilise ou lèvent les yeux au ciel en me disant qu’il s’agit d’une lubie de féministe. Non, il s’agit tout simplement de réutiliser un terme qui existait bel et bien. Et plus nous l’entendrons, moins il nous choquera…
Je ne vous en dis pas plus sur ce livre : tout ce que je peux vous conseiller, c’est de le lire, que vous soyez un homme ou une femme. Il participe à nous faire réfléchir sur notre société, sur ses évolutions, sur la place des femmes et sur les pas en avant mais aussi en arrière. C’est bientôt Noël : mettez le sous le sapin, c’est autant de petites façons de faire revivre ces Femmes qui ont fait l’Histoire et qu’on a volontairement faites disparaitre…