Lettre d’accompagnement aux éditeurs
- Le 10/02/2019
- Dans Ecriture
Le grand moment tant attendu est arrivé : vous vous apprêtez à envoyer votre manuscrit tout beau tout chaud à un éditeur. Oui mais voilà, pas question de leur balancer le truc comme ça, sans aucune explication : vous n’avez pas le choix, il va falloir rédiger un courrier d’accompagnement. Et la chose n’est pas aisée.
Quel est le but de ce courrier ?
Il y en a plusieurs : le premier, c’est un geste de politesse. Histoire de montrer que vous faites l’effort d’un petit mot personnalisé (même s’il ne l’est pas vraiment en réalité. Le destinataire n’a pas besoin de savoir que vous avez envoyé la même chose à d’autres que lui…) à celui ou celle qui va peut-être passer un certain temps à lire votre prose !
Le second, c’est de vous présenter (rapidement : pas la peine d’en mettre des tartines, on s’en fout. En revanche, il est important pour l’éditeur de voir à peu près à qui il a affaire)
Enfin, last but not least, le but principal de ce courrier c’est de donner envie au destinataire de lire votre manuscrit.
Vous avez donc une page pour vendre du rêve : il ne faut pas se louper !
Lettre manuscrite ou imprimée ?
Certains vous diront qu’une lettre manuscrite est toujours une délicate attention, qui montre votre engagement et l’importance que ce courrier a à vos yeux. Au risque de les contredire, je suis plutôt adepte des courriers à l’ordinateur. Ils n’empêchent pas d’être personnalisés mais sont surtout bien plus simple à lire (surtout si vous avez une vilaine écriture ou l’habitude de faire des pattes de mouche totalement indéchiffrables).
Quelle longueur ?
Pas la peine de vous infliger une missive de 10 pages expliquant par le détail votre vie et toute l’intrigue de votre roman. Fixez-vous un objectif : une page MAXIMUM (et bien entendu, comme pour le manuscrit, choisissez une typo lisible et au minimum en taille 12).
Qu’est-ce qu’on écrit ?
Tout d’abord, comme pour chaque courrier, indiquez vos coordonnées :
- Prénom
- Nom
- Adresse postale
- Numéro de téléphone
Au moins, si l’éditeur a un coup de cœur pour votre manuscrit, il pourra vous joindre.
Indiquez également le nom (si possible) et les coordonnées du destinataire.
Enfin, n’oubliez pas la date !
Une fois ces petites formalités purement administratives remplies, attaquons le vif du sujet : le cœur de la lettre.
J’ai contacté des éditeurs pour deux ouvrages totalement différents. J’ai eu la chance de recevoir une réponse positive à chaque fois. Mes courriers semblaient très différents, mais tous deux respectaient une certaine logique :
- Une phrase d’accroche expliquant la raison du courrier ;
- Un rapide synopsis du livre (sans dévoiler l’intrigue mais suffisamment travaillé pour donner envie d’en savoir plus) ;
- Trois lignes de présentation sur moi ;
- Une phrase de remerciement et de politesse.
Et côté style ?
A moins d’avoir une plume extraordinaire et d’écrire la lettre la plus incroyable du monde, mieux vaut rester sobre. Dans le doute, vous êtes sûr de ne pas trop vous planter. Restez factuel, poli et gardez le même style d’écriture que votre livre : n’oubliez pas que ce courrier doit vous ressembler…
Pour ma part, j’ai choisi deux styles différents : pour mon roman, je suis restée dans un registre classique, alors que pour mon recueil de chroniques, je me suis permis quelques touches d’humour (mais vraiment avec parcimonie !).
Les erreurs à ne pas commettre
La première, c’est évidemment d’en faire trop. Inutile d’expliquer que votre live est « un chef d’œuvre », d’insister sur le fait que toute votre famille l’a adoré ni de menacer l’éditeur (« si vous ne le publiez pas, vous risquez de passer à côté du Goncourt et de vous en mordre les doigts ! »). Un peu de modestie ne fait pas de mal. Certes, vous avez beaucoup travaillé pour ce livre (et c’est tout à votre honneur) mais pour l’instant, dans le monde littéraire, vous n’êtes personne. On en reparlera peut-être le jour où vous aurez vendu autant de livre que J.K Rowling, mais en attendant, on fait profil bas.
A l’inverse, pas la peine de vous auto-flageller : inutile d’expliquer que votre manuscrit a été refusé par 19 éditeurs et qu’ils sont votre dernière chance. Pas besoin de les supplier de vous publier (un peu d’amour propre, que diable) ni d’utiliser la pitié (« mon père est mourant et son dernier souhait serait de savoir que mon livre va sortir… »).
Enfin, évitez à tout prix de mettre la pression à votre destinataire : les phrases du genre « merci de me répondre dans un délai de 15 jours » risquent de l’agacer et de l’inciter à effectivement vous répondre très rapidement (malheureusement par la négative). De la même manière, inutile d’appeler le standard téléphonique pour savoir où en est votre manuscrit : vue la quantité qu’ils reçoivent chaque semaine, croyez-moi qu’ils ne vous pas vous répondre que vous recevrez une répondre dans 15 jours… Soyez patients, vous verrez : les réponses (positives ou négatives) finissent toujours par arriver !