Corrections 1

Corriger son manuscrit

Contrairement à ce que certains pourraient penser, écrire un livre n’est pas une sinécure. Si tu croyais naïvement, après avoir passé des mois (voire des années !) sur ton texte, qu'en écrivant le mot « Fin », tu en avais fini, laisse-moi te dire que tu es loin, TRES loin, de la réalité. Alors bien sûr, terminer son premier jet, c’est une étape importante : quelle fierté d’être enfin arrivé au bout de ce projet ! En revanche, il va falloir se remettre au travail car c’est maintenant que commence la phase 2 : la douloureuse étape des corrections.

Corriger son manuscrit demande beaucoup d’énergie et de motivation. Oui, la base est là et une grande partie du boulot a été réalisée, mais retravailler son texte est un exercice fastidieux. Voici quelques conseils qui vous aideront peut-être à passer ce cap difficile, mais indispensable, dans l’aboutissement de votre projet !

 

  1. Laissez passer le temps

Cela peut sembler étranger, mais une fois votre premier jet terminé, il vous faudra le mettre de côté et ne plus y toucher. Bizarrement, la toute première étape de la correction d’un manuscrit consiste à ne rien faire ! En effet, vous venez d’avoir le nez dans votre texte pendant très longtemps, et il vous faut maintenant prendre du recul. Profitez de ce temps libre pour vous changer les idées : faites des choses nouvelles, lisez, n’importe quoi tant que vous vous sortez votre livre de la tête. Il n’y a pas de durée précise pour laisser reposer son travail, mais considérez qu’un mois est un minimum.

Ce temps de repos vous permettra de voir votre travail avec un œil frais et vous pourrez alors vous plonger plus efficacement dans les corrections.

 

  1. Lisez sur papier

Pour entrer dans le vif des corrections, il est intéressant de changer de support de lecture. Il est très probable que vous ayez rédigé votre texte sur ordinateur (à moins que vous fassiez partie de ces auteurs originaux qui préfèrent écrire à la plume d’oie, simplement éclairés à la lueur d’une bougie. Pourquoi pas, si cela vous inspire ?) : faites-en une impression et relisez d’un bout à l’autre, en annotant au stylo vos remarques. Pour ma part, j’utilise des stylos de couleurs différentes pour bien séparer les corrections et retrouver plus facilement mes notes (ex : les fautes d’orthographe en rouge / les incohérences dans l’histoire en vert / les textes à ajouter ou supprimer en bleu… J’évite juste le noir, qui est déjà la couleur de mon texte imprimé et est donc moins visible).

Cette lecture de bout en bout est capitale : elle vous donnera une visibilité globale sur votre livre. Une fois que vous l’aurez finalisée que vous commencerez seulement à retoucher réellement votre manuscrit.

 

  1. Retravaillez votre texte par petits bouts

Pour ma part, je suis adepte de la « Méthode des petits pas ». Plutôt que de se fixer comme objectif de retravailler mon manuscrit en entier, je préfère les découper en plusieurs petites parties réparties dans le temps. Ainsi, en travaillant chapitre après chapitre, je vois concrètement l’avancée de mon travail (et je considère intérieurement chaque étape comme une petite victoire à célébrer !).

Au sein de chaque partie, intégrez les annotations faites lors de la lecture sur papier. N’hésitez pas à lire votre texte à voix haute : il vous sera plus facile de repérer les phrases trop longues ou mal rythmées, et les répétitions.

Osez couper. C’est sans doute ce qui est le plus difficile. Quand vous avez passé des heures à travailler un paragraphe, à peser chaque mot, vous n’avez pas envie de le supprimer. Logique. Mais posez-vous la question : cette partie est-elle nécessaire à l’histoire ? Vous savez, au fond de vous, qu’elle n’est pas nécessaire. Alors arrêtez de tergiverser : retravailler son manuscrit, c’est également élaguer ce qui est en trop.

 

  1. Utilisez des outils de corrections

Les nouvelles technologies sont un outil précieux pour les auteurs : autant en profiter pour vous faciliter le travail ! Pensez à utiliser les correcteurs d’orthographe (celui de Word est déjà très efficace) pour traquer la moindre coquille. Recherchez les doubles espaces. Il existe aussi des outils téléchargeables pour repérer les doublons. Pensez également aux dictionnaires de synonymes pour enrichir votre texte : par exemple, des verbes « faibles » (être, faire, dire…) appauvrissent votre texte et peuvent facilement être remplacés (par exemple : « Il lui dit que… » peut être remplacé par « Il lui suggéra…).

 

  1. Faites-vous relire 

Voilà, vous avez terminé vos premières corrections ! Mais vous n’en avez pas encore terminé avec votre livre pour autant… Il vous faut maintenant avoir un regard extérieur. Même plusieurs ! Demandez à quelques proches de relire votre prose (soyez sympa : remettez-leur une version imprimée. C’est plus facile à lire pour eux et ils pourront y noter leurs commentaires). Attention, cette étape n’est pas toujours agréable : vous allez recevoir des critiques et il va falloir les accepter, les digérer et intégrer ces remarques (souvent judicieuses). N’oubliez pas que ces commentaires seront forcément subjectifs : ce n’est pas parce que votre grand-frère a détesté votre livre que vous écrivez mal. A l’inverse, votre mère qui vous prédit le Goncourt n’est sans doute pas très objective. Veillez donc à choisir des relecteurs sérieux, dont le jugement est généralement fiable et qui savent faire la part des choses.

 

  1. Recommencez !

Vous allez maintenant devoir reprendre votre texte en intégrant les modifications de vos proches. Encore une fois, vous découperez votre livre en plusieurs parties, retravaillerez chacune d’entre elle, supprimerez les fautes, et rebelote. Jusqu’à ce que vous sentiez que ça y est, vous êtes prêt !

Il n’y a pas de manuscrit parfait : au bout d’un moment, il faut savoir arrêter d’y toucher et lui donner la chance de vivre une nouvelle vie, devenir un « vrai » livre.

 

Allez, prenez votre courage à deux mains et envoyez-le à un éditeur !