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Petite histoire d'un manuscrit (1/2)

Un jour, avec émotion, j’ai tapé le mot « FIN ». Tout pouvait commencer.

La vie d’un roman est une affaire complexe : vous y passez des mois, voire des années, choisissant chaque mot avec soin, relisant tel passage, tournant dans tous les sens une phrase qui ne vous plait pas. Vous vous êtes attaché aux personnages nés de votre imagination. Une petite routine s’était installée entre vous : c’est sous les touches de votre clavier qu’ils prenaient vie, au gré de vos idées. Alors ces trois petites lettres veulent dire beaucoup.


Que va-t-il se passer maintenant ? Quel avenir pour vos 197 pages  en Word – Arial – taille 12 – interligne double ? Auront-elles l’occasion de devenir un livre vendu en librairie ou resteront-elles ce manuscrit froissé qui prend la poussière au fond d’un tiroir ? A ce stade, personne ne peut le savoir, surtout pas vous…

 

J’avais toujours rêvé de voir mon nom sur un roman, mais comment faire ? J’ai décidé que le plus simple serait d’envoyer mon manuscrit à des éditeurs : bien sûr, ils le trouveraient formidable et ne manqueraient pas de se battre pour le publier (c’est beau de rêver). Et me voilà chez CopiePasCher pour faire imprimer et relier mon œuvre. Recto simple s’il vous plait (oui, les éditeurs sont exigeants : ils vous imposent souvent, pour éviter de se retrouver avec des textes illisibles, un format spécifique, certes très agréable en termes de confort de lecture mais particulièrement consommateur de papier…).

 

- Je vous l’imprime en combien d’exemplaires ?

- Euh, ça dépend. C’est combien par exemplaire ?

- Avec la reliure ? 18 euros.

- Ah, oui, c’est cher quand même.

- C’est TTC, bien sûr.

 

A ce prix-là, je n’en ai fait imprimer que huit.

 

En sortant de chez l’imprimeur avec dans chaque main un énorme sac pesant le poids d’un âne mort, je me suis dit que vraiment, je n’avais pas le droit à l’erreur. Le budget était conséquent et j’allais devoir choisir avec soin mes potentiels éditeurs.

 

Après une longue réflexion, j’avais LA liste. Parmi ces huit maisons d’édition, je le sentais, se trouvait celle qui accepterait de publier mon manuscrit. J’ai imprimé ma lettre d’accompagnement (rédigée avec soin et relue près de cent fois), acheté de belles enveloppes Kraft (avec une structure renforcée pour être certaine que mon précieux manuscrit à 18 euros ne souffrirait pas du voyage) et pris ma plus belle plume pour écrire l’adresse des « élues » sur chaque enveloppe (et sur les enveloppes de retour, exigées si l’auteur souhaite récupérer son manuscrit s’il était refusé).

 

Direction le bureau de Poste pour affranchir tout ça (à 6,40 euros par enveloppe, j’avoue que j’ai fait la grimace quand j’ai dû régler mes 102,40 euros – oui, la fameuse enveloppe retour, qui nous double le budget !).

Ce n’est pas sans une certaine émotion que j’ai dit au revoir à mes huit précieux manuscrits (et aux quelques 300 euros que coûtaient mes rêves d’écriture. Vivement que les éditeurs acceptent les manuscrits par mail…).

 

C’est là qu’a commencé le plus difficile : l’attente…